Toujours là sont ces marques! dans mon dos présentes,
Longue ligne droite ou de courbes qui serpentent
A l’aspect parfois confus, souvent incertain,
Toujours plus nombreuses aussi, chaque matin.
Beaucoup, envahies par la poussière du temps,
Visibles aux seuls rayons du soleil rasant,
Usées par les pluies et les vents de l’oubli,
Sont d’un chemin suivi les vestiges polis.
Aux traîtrises du sol bon nombre ont disputé,
Empreintes balafrées, fracturées, amputées,
Quand d’autres, enfoncées à jamais en son cœur,
Conservent tel un sceau d’anciennes pesanteurs.
Se succèdent ainsi ces reliefs, ces séquelles.
Ces traces que j’ai laissées, que je me rappelle,
Sont mes pas! je le sais, mais toujours m’en étonne.
Qui d’autre alors aurait fait ce parcours? Personne!
Je ne peux pourtant pas les reconnaître tous.
Là et aussi loin que l’exploration me pousse,
Ai-je vraiment le pied à chaque fois posé,
Choisi librement l’endroit, dès lors imposé?
Emboîtant à rebours cette marche forcée,
Impatient, en retour, des sensations passées,
Il semble à leurs contours de moins en moins conforme.
Ce pied à présent déçu, d’hier n’a plus la forme.
Animé aujourd’hui d’un tout nouveau dessein,
Il se lance ici, imprime encor son dessin
Et ne reste déjà plus du moment qui passe,
Derrière moi, de mon dernier pas, qu’une trace.