D’une rue passante, d’un café, la terrasse.
Chaque soir s’abandonne, ici, ma tête lasse,
Dans un tourbillon nostalgique mordoré
Mon front s’élève, d’une fièvre dévoré.
Il monte dans ma nuit rechercher ces étoiles,
Dans l’infini tendu de cette sombre toile,
Eclats des regards, de ceux à peine croisés,
Promesses de lumières à jamais rêvées.
Car bien que fugitives, tout juste entrevues !
Celles dont les beaux yeux une fois aperçus,
Ont fait naître en mon cœur tant de trouble et d’émoi !
Sitôt me laissant à mon soudain désarroi.
Nues je les ai pensées, alanguies et pures,
De leur charme, de leur pouvoir, tellement sûres,
Les lignes de marbre à la perfection hellène,
Qui, l’œil dompté, à la beauté l’esprit amènent.
Le temps s’est écoulé pour ma chaise rouillée,
N’est-ce là qu’une brume ou ma vision brouillée
Qui gomme de la rue ce reflet trop pressé,
Que j’y cherchais, avide, avant qu’il fut passé ?
Entre battement de cil et battement d’aile,
Femmes si peu connues mais ô combien fidèles,
Compagnes scintillantes des foules stellaires,
Baignez de vos lueurs mon âme solitaire.