Je ne l’ai invitée, gracieuse demoiselle,
Celle qui vint à moi, en moi, au premier jour,
Prendre de mon être cette part essentielle
Qu’elle savait alors posséder pour toujours.
Usant de ce regard qui mon esprit confond
Elle a, de son lointain, figé tout avenir.
Saisis par ses yeux d’eau, transparents et profonds
Se sont noyés mes vœux, autant mon devenir.
Sache, m’a-t-elle dit, que toute joie de vivre
N’est que brasier fugace à l’éclat éphémère,
Devenu bientôt, si je manquais à la suivre,
Souvenir consumé et cendre de la terre.
Mais du fil des heures vient l’attente des jours,
De l’empreinte des jours vient l’usure des ans.
La lueur d’un ailleurs est celle d’un secours,
Comme ultime promesse d’un vide apaisant.
Faire de l’absolu un déni d’espérance,
Arguer d’élans du cœur seulement présumés.
C’est bien là jouer d’une insondable attirance
Pour me convaincre que nous nous sommes aimés
Mais que m’auras-tu donc offert Mélancolie ?
Sinon la douceur de ta beauté vénéneuse,
Et ce calme trompeur aux accents de folie,
Toi pour qui l’impensable est une vie heureuse.
