Furtivement, ce soir l’air passe la persienne,
Caresse l’oreille, chuchotant. Des mots viennent,
D’un livre étrange ouvrent une page nouvelle,
Pour coucher ce murmure que le vent épelle.
Les fentes luisantes tracent pour eux des lignes,
Pour que ces traits blancs de lune en portent les signes.
De lumière, les vides et pleins redoublés,
Hypnotisent, doucement, le regard troublé.
Tellement plus forts que tout ce que l’on peut dire,
Tellement plus vrais que tout ce que l’on peut lire.
De ces mots aucun, pourtant, n’est intelligible,
De ces mots aucun, pourtant, n’est vraiment lisible.
Mais leur mélodie résonne si bien, en cœur,
Ne serait-ce pas là des poètes le chœur ?
Qui par delà le réel et tous ses mensonges,
Ne s’entend ailleurs que dans le rêve ou le songe.
Des sens engourdis et du corps paralysé,
l’âme défaite, s’évade, dépaysée.
C’est elle seulement, que la nuit juge digne,
D’écouter peut-être ce dernier chant des signes.