Veilleur de nuit

 

Dans un sommeil sans doute, parcourant, ailleurs,
Les replis tourmentés d’une nuit de frayeur,
Ma conscience est en fuite, s’essouffle, apeurée,
Cherche en vain une ultime lueur, égarée.

Frôlant de ce qui semble un labyrinthe obscur
Le ruban feutré des interminables murs,
Au plus profond d’une des traîtresses impasses,
Elle perd la mesure du temps, de l’espace.

Tout contre les parois du piège inexorable,
Elle sent la limite pourtant impalpable.
La frontière s’épaissit, devient territoire,
Le mur est moi, la dualité illusoire.

J’explore ses méandres, puisque je le suis,
Sans savoir où je vais, où je suis, qui je suis,
Aveuglément et forçant mon propre rempart,
Pour ne rencontrer qu’abyme, de part en part.

Mon esprit assiégé défenseur du néant,
Lutte contre lui-même, double conquérant.
Pas d’entrée, pas d’issue à ce lieu impossible,
Absurde construction, phantasme inaccessible.

Dans la pâleur extrême du petit matin,
Libéré enfin de cet état indistinct,
Je me réveille, du trouble à peine remis.
Mais le cauchemar est de n’avoir pas dormi.