A mes ruines

 

Çà et là abandonnées au bord de ma route,
Des demeures que j’ai jadis habitées, toutes.
Le lointain prête encore un voile de fraîcheur
A certaines que visite parfois mon cœur.

Mais d’autres, pourtant non moins pourvues de mérites,
Montrent à peine l’élan qui les a construites;
Quelques pans de briques ne s’appuyant qu’au vide,
Un enduit épargné, à la face livide.

Est-il possible à nouveau d’animer ces murs,
De retrouver leur chaleur, leur protection sûre ?
Il est si simple pour mon esprit tout puissant,
De croire alors à des désirs obéissants!

Vanité! que de vouloir penser la matière
Ou donner à l’idée consistance de pierre.
Jamais le présent ne se laisse retenir,
A peine né ne devient-il pas souvenir ?

Des vestiges à la réalité trompeuse,
La seule vérité est la ruine moqueuse
Et si parfois je succombe à leur séduction,
Je n’ai pour les restaurer que mes illusions.