Volatiles et voyageurs,
Par des signes avant-coureurs
Ou s’annonçant à petits bruits,
De la pensée forment les fruits.
S’aimant autant qu’ils se détestent,
La phrase est, qui bien en atteste,
Leur paradis ou leur enfer,
Qui les lie en prose ou en vers.
Ils sont de plus choses fragiles
Et, d’une nature labile,
Des lèvres trop vite exprimés,
Souvent, se voient tôt abîmés.
Quand ne s’envolent, ne résonnent
A l’oreille de plus personne,
Les mots se couchent sur la feuille
Faisant le lit de leur orgueil.
Ornés d’arabesques paressent,
Imbus de lettres de noblesse,
Et dès lors qu’ôtés de la bouche,
C’est à l’œil qu’ils paraissent louches.
Quand ils atteignent leur adresse
Et doux moins souvent qu’ils ne blessent,
Demis ou vains, petits ou gros,
Les mots sont fréquemment des maux.
Comme à tout ce qu’il a créé,
L’homme ne peut plus échapper.
Pour en pleurer ou pour en rire
Pour le meilleur et pour le pire
Soyez! mots et soyez mots dits !