Miroirs de l’âme

Au milieu des cadres, faces ensommeillées,
D’une blanche opacité toutes émaillées,
La conscience s’éveille, l’image anticipe
Par ses premiers éclats, et ses limbes dissipe.

De la réalité, pellicule cirée,
Fendant son tain de glace, elle sort libérée,
Impatiente de par l’attente séculaire,
Avide de sa nouvelle vie spéculaire.

Mais l’âme n’est pas seule ou du moins pas unique,
C’est une foule dans cet envers hermétique.
Il fallait donc bien qu’elles ressortent à leur tour
Toutes celles par les miroirs entrées un jour.

Ici, à l’abri des destinées hasardeuses,
Elles n’attendaient plus sortie si aventureuse.
Une inquiétude monte, vite lancinante,
Celle, qu’elle ou elles ne deviennent errantes.

Où auront-elles maintenant droit de cité ?
Sauront-elles encore à nous se refléter ?
Une simple vitre pourrait-elle suffire ?
Assurément, c’est bien là qu’il faut réfléchir.