Tous les pinceaux sont rangés, les couleurs noyées.
Il reste un tube, au fond de ma boîte souillée,
Que j’ai toujours vu, comme abusant d’un sursis;
Huile, aquarelle ou gouache, anonyme, endurci.
Recroquevillé, comme retiré du monde,
Une scorie de l’art, une relique immonde.
Ce, finalement, compagnon sans étiquette,
In extremis se voit l’objet de ma requête.
Vaincre la pâte rassise et tordre son cou
N’est que curiosité, qui est déjà beaucoup !
L’ultime pression, du dernier jet l’ironie,
Lui font rendre l’âme en une plate agonie.
De ce qui vient alors, l’émotion ne peut feindre,
C’est le portrait que toujours j’ai tenté de peindre.
Testament ici couché, à la dernière heure,
Legs à la palette des formes et couleurs.
Je crois que pour elle il est cependant trop tard.
Des veines de ce bois, nouveau cercueil de l’art,
Le lyctus prépare la poussière d’antan,
Seule trace pour des lendemains déchantant.
Il était donc ici ce maître aux illusions,
Qui s’est tant joué de mes interrogations
Par une banalité suprême, maline,
Ce tube au génie dont j’ignore l’origine.
2020
Terre cuite, gomme laque, acrylique. Medium
L : 53 cm
l : 44 cm
h : 8 cm